Octobre 2025…
Je peux pas croire que je suis rendue là dans le calendrier, pis en même temps je peux pas croire que je suis encore là-dedans… Depuis des semaines je me sentais sur le bout de ma chaise à attendre que ça arrive, ce moment où toutes les cases allaient se replacer par elles-mêmes dans un nouveau »comme-avant », pas le même »comme-avant » parce que y’a plus rien comme avant mais plus comme le bout où j’allais redevenir moi-même entièrement. Quand septembre est arrivé, j’ai réalisé que l’automne dernier goûtait le sable encore dans ma bouche quand j’y replongeais parce que c’était le début de la fin de ma relation avec celui que j’avais partagé les 17 dernières années. 17 ans, c’est fou quand même en 2025. J’avais tout construit ma vie d’adulte avec lui, la Geneviève-adulte avait été chaque jour de sa vie de grande dans la même maison que lui. On travaillait ensemble depuis plusieurs années mais ce n’est pas ce qui est venu à bout de notre relation. Quand on nous demandait comment c’était de travailler ensemble, pour nous c’était naturel et ça se faisait bien. Puis ça s’est mis à mal aller et vraiment ce n’était plus possible de continuer, the shit hits de fan comme y disent . Les feuilles rouges étaient teintées de tentatives de recoller les morceaux mais ce n’était plus possible. L’annonce a été faite aux enfants après les fêtes début janvier avant le retour à l’école. Un jour j’en parlerai du »bon moment », man… Y’en a pas. Y’en a jamais. Bref, y’avait rien de facile dans tout ça mais je savais qu’on devait le faire…

Quelques jours plus tard, on apprenait que ma mère avait le cancer du sein, je tombais dans les modalités de la maison, ça spinnait comme rarement dans ma tête… J’essayais de comprendre ce qui se passait plus vite que mon ombre tout en essayant de reprendre le contrôle de l’espace toute seule, vous comprendrez que si ça allait mal à la maison depuis plusieurs mois, l’espace en avait automatiquement souffert aussi (ajoutez à ça une grève de poste, allo l’apocalypse)… Dans la théorie ça fonctionnait : J’allais me reconstruire mais dans la pratique ça jammait dans l’entonnoir. Pour la première fois de ma vie, je ne débloquais juste pas. J’ai appris à vivre en do-er (du verbe DO), ma famille est une famille de mise en action, j’ai jonglé à travers tout ça toute ma vie avec ma sensibilité : Vivre des choses extrêmement difficiles, me r’virer sur un 10 cents, enweye on se relève, continuer… La résilience à l’état pur.

Pendant l’hiver, je vous l’ai annoncé, j’ai décanté, j’ai fait plusieurs fois des stories sur instagram en disant que ça allait mieux… Que je remontais la pente, c’était pas du fake, je pensais vraiment que la machine bien huilée que j’étais repartait, c’est difficile à expliquer… En fait non, j’étais juste pas une machine point barre. J’ai décidé à ce moment-là qu’avant de reconstruire le reste que je devais me reconstruire moi… C’était la première chose à faire avant tout. Mon médecin m’a fait réaliser que j’avais vécu les éléments les plus stressants d’une vie en quelques mois mais avec le commerce ce n’était pas possible d’arrêter complètement même dans le noir sans boussole pis lampe de poche. Mais tsé, à 20 ans j’ai perdu ma petite soeur dans un accident de voiture, le mois suivant j’ai appris que j’étais enceinte du gars avec qui j’étais depuis 3 mois, dans la même année j’ai acheté une maison que je détestais, on a appris qu’on avait un méga vice-caché, quand notre vie s’est stabilisée j’ai perdu deux bébés, dans les années suivantes mon idole de parrain est décédé d’un cancer en un mois, j’ai vécu une fraude entrepreneuriale, j’ai perdu le jumeau de Léon, je me suis fait 2 hernies discales en déboulant les marches enceinte, j’ai vu ma tante mourir devant moi avec mes petites cousines, j’ai vécu la covid après 6 mois d’ouverture de ma boutique et beaucoup de choses qui ne se racontent pas ici… Genre, c’était pas mon premier barbecue.
Le printemps s’est installé, la neige a fondue, je suis déménagée dans un climat pas facile, j’ai pris quelques semaines pour faire mon cocon avec les cocos mais j’avais de la difficulté à prendre des décisions sur la création de mon nouvel environnement, j’étais en deuil du milieu que j’avais construit pendant tellement d’années… J’ai roulé des murs, j’ai pleuré, j’ai figé, dormi en camping collé avec les cocos, préparé la fin du secondaire de Louka, continué de gérer la séparation du mieux que j’ai pu, j’ai découvert notre nouvelle routine… On me félicitait de ce que je réussissais à accomplir mais avec ce que j’avais sur les épaules je savais que ça allait pas assez vite.

L’été est arrivé, de belles choses se sont installées, beaucoup de choses imprévues aussi mais je pense que ma capacité d’adaptation faisait juste suivre le rythme… Il y avait tellement de choses en même temps qui arrivaient de partout… Kim est arrivée à la boutique, je devais recommencer à faire confiance dans toutes les sphères de ma vie, il y avait tellement de belles choses qui se déposaient mais je sentais que je n’étais pas prête, le »comme-avant » était toujours pas là…
Vous êtes plusieurs à m’écrire pour me dire que ça fait longtemps que vous m’avez pas vu, que vous êtes inquiètes, j’avais de la difficulté à mettre le doigt dessus. En discutant avec une amie je me suis mise à pleurer en disant que j’avais peur de ne plus être à la hauteur… Dans les derniers mois j’étais plus discrète, j’avais besoin de voir c’était qui la moi-d’après tout ça dans ce projet-là… Celle après 4 saisons de tellement beaucoup ! Celle qui a vu du beau émerger mais qui a été aussi désillusionnée de beaucoup de choses… J’ai recommencé à voir mes amies dans les dernières semaines, je m’étais beaucoup éloignée, je ne voulais pas être le paquet de troubles, je trouvais que ça finissait pu de finir comme téléroman… Pis il s’en passait tellement beaucoup qu’à des questions comme »Comment tu vas ? » ou »Quoi de neuf ? » y’avait tellement de stock que je ne voulais pas être lourde pour elles ni pour vous que je considère beaucoup comme mes amies… Je voulais pas déranger, ça te dit quelque chose ? Esti d’idée de marde on va se le dire… Il y a beaucoup de choses aussi que je ne peux pas mentionner et ça clashait beaucoup avec ce que j’étais…
Je me suis mise à mieux aller le jour où j’ai décidé de parler à mon entourage, à mes phares, à mes lanternes… Tout est devenu plus clair… J’ai réussi à démêler beaucoup de choses qui me semblaient impossible dans la Récréation aussi…On dirait que j’attendais le bon moment. Mon amie dirait : Ça va être quoi le bon moment Geneviève, tu vas le savoir comment que t’es dans le bon moment ?
Cette phrase m’a donné un boost de 3 heures et là, ma marmotte insécure est revenue de plus belle : Oui mais si ça marchait plus jamais, si je retombais, si j’y arrivais pas, les gens vont se dire que j’y arriverai pas, ceux qui disaient que j’allais me planter vont se dire qu’ils avaient raison (etc…etc… etc…) ? C’est là que j’ai réalisé que j’ai ces questions-là depuis la nuit des temps, j’ai toujours eu cette peur là de ne pas y arriver, de ne pas être assez ou trop, de me planter, de ne pas remonter la montagne qui s’est dressée cette année devant moi pendant cette année de laçage de souliers et de coups de pelles dans la face…
En décodage, la réponse qui m’est venue est celle-ci : On va la relever une étape à la fois, un sourire à la fois, un »Geneviève regarde j’ai réussi mon bricolage » à la fois, un »Je suis capable » à la fois , un »Regarde maman comme mon projet est beau » à la fois, un »merci mon enfant ne fait plus de crise » à la fois, un »Regarde papa comme je suis belle avec mes boucles d’oreille, j’ai même pas pleuré » à la fois, un »je peux avoir un câlin » à la fois, un »Merci d’être venu » à la fois…..

Ça été tout un tour de calendrier les amies, le latté goutte meilleur de plus en plus, les doudous sont plus chaudes, la pluie est réconfortante… Cette fois je ne saute pas dans le vide, je ne plonge pas dans l’inconnu, je vais monter la montagne en respirant l’air à plein poumons un pallier à la fois… En toute sincérité, la montagne de La Récréation est huge mais j’ai envie que ça marche jusqu’à ce que vos ptits apportent leurs enfants dans cet univers qui retrouve sa magie depuis quelques semaines… J’avais besoin de sentir que la magie était là pour rester avant de revenir…
Merci d’être encore là si tu y es, merci pour ta compréhension, merci d’être si humaine, merci pour ton support, merci pour ta lumière, merci pour tes ptits »es-tu ok je suis inquiète »…
C’est grâce à ça que j’ai décidé de me dire que tout ce projet en valait grandement la peine…
À très très bientôt, genre méga très bientôt …
xoxoxo

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